Gale restait silencieux. Impassible comme à son habitude. Il fixait le plateau de jeu avec un petit sourire aux lèvres. Méluzine était très douée aux échecs et elle était la seule à pouvoir lui tenir tête dans son entourage, cependant, il était bien meilleur et elle venait de jouer un mauvais coup en déplaçant sa tour. Une feinte ou... ? Les questions arrivaient dans l'esprit de Gale qui décida de jouer le tout pour le tout. Il était comme ça après tout, il fonçait dans le tas, il n'aimait pas tourner autour du pot. Le sorcier déplaça son cavalier de telle sorte à prendre le fou de son amie et déclara « échec et mat » un léger rictus satisfait s'afficha sur les lèvres de Gale qui croisa les bras en fixant Méluzine. Comme toujours, la sorcière était silencieuse. Elle ne laissait rien paraître et c'était bien digne de son don d'occlumancie après tout. Ils étaient pareils au fond. Des vrais siamois, mais elle refusait d'être avec lui, pourquoi donc ? « ne vas pas trop vite Gale. Tu as toujours tendance à t'agiter, mais tu n'as rien vu. » le concerné fronça les sourcils et regarda son amie prendre son roi pour le déplacer et faire un coup de génie. Ainsi, elle n'était pas vaincu, elle avait délibérément sacrifié son fou pour le piéger et le mettre lui, échec et mat. Elle se redressa, la partie était terminée et comme à son habitude, elle se prit une tasse de thé au citron. Elle raffolait de ça, depuis toujours. Gale se redressa à son tour et rangea l'échiquier sorcier. Les pièces étaient détruites, mais un simple coup de baguette allait les réparer. Picsou sauta sur la table et miaula. Ce satané chat n'appréciait pas le Londubat qui se mit à éternuer. Décidément, son allergie était tenace ! Méluzine rigola un peu, un rire chaud qui lui fendit le coeur et attrapa l'animal pour le mettre dans une autre pièce, la cuisine. Les deux amis se connaissaient depuis tellement longtemps. Hogwarts. Dès la première année, ils avaient accroché et chacun n'avaient que très peu de contact. En fait, ils étaient toujours fourrés ensemble, mais la belle avait commencé à se détacher de lui en cinquième année. « pas mal le coup de, je sacrifie une pièce maîtresse pour te piéger. » « c'est surtout un coup basique. Appâter l'ennemi. Ça m'a étonné que tu tombes dedans, Gale. » Gale fronça les sourcils. Il était tombé dedans pour elle et c'était plus fort que lui, il avait envie de dire le fond de sa pensée. « Appâter l'ennemi, n'est-ce pas ce que fait Thaddeus avec Bryson ? » la tasse posée sur la table brisa le petit silence. Méluzine n'avait pas fait dans le détail et la plupart du thé était tombé, mais qu'importe. Elle tourna vivement la tête vers Gale et lui jeta un regard glacial. Bryson, le sujet tabou. « si c'est encore pour parler de lui, Gale... Tu peux sortir de chez moi immédiatement. Je suis lasse de devoir me répéter, tu le sais, j'ai horreur de ça et tu es assez grand pour le savoir. » le jeune homme se mit à éclater de rire, un rire moqueur qu'elle n'appréciait pas. Bryson était le sujet à ne pas aborder, bien sûr. Méluzine et lui étaient ensembles durant leur dernière année à Hogwarts. Un couple secret, bien sûr, car après tout, le fils du ministre de la magie ne pouvait pas sortir avec une traitre à son sang, non, son père avait de bien meilleure ambition et Gale avait comprit le manège et n'avait cessé de répéter à son amie qu'elle courrait un grand danger, mais elle n'entendait rien, trop aveugler par l'amour pour ce chien de Bryson. « pourquoi esquives-tu toujours le sujet ? Moi j'ai envie d'en parler ! J'ai envie de parler de cet homme pour qui tu t'accroches. Tu espères quoi ? Le récupérer ? Mais ouvres les yeux, Méluzine ! Bryson est un Black. Le fils du ministre en plus. Il nous déteste et il t'a manipulé à l'école. Toi, pauvre idiote, tu as foncé dans le mur. » Méluzine serra les poings. C'était trop. Gale ne pouvait pas comprendre ! Non ! Bryson n'était pas un sang-pur comme les autres. Il se fichait bien du sang. C'était simplement un sorcier amoureux d'elle, avec qui elle était heureuse, oui... Méluzine pouvait se souvenir de tout. De sa chute qui manqua de la paralyser à vie en cinquième année, de sa Flèche d'argent, de sa rééducation longue où Gale était là, pour lui dire de s'accrocher et de Bryson. Il était arrivé à ce moment-là, avec sa bonne humeur, ses blagues qui n'en étaient pas et des tonnes de sucreries. Il avait toujours eu des vues sur la belle Méluzine et en apprenant sa chute, avait voulu être là et enfin rentrer dans sa vie. Au début, Méluzine l'avait repoussé, mais Bryson n'avait pas abandonné et petit à petit, elle l'avait laissé rentrer dans sa vie, puis après deux années à se côtoyer en secret, à lier une très bonne amitié, il lui avait déclaré son amour et elle avait répondu qu'elle l'aimait aussi, même si ça avait toujours été confus avec Gale. Au début, elle ne se montrait pas, elle n'osait pas l'embrasser, mais petit à petit, dans l'ombre et des salles de classe oubliées, Bryson et Méluzine ont vécu leur amour, heureux. Jusqu'à ce que quelqu'un les dénonce et que Bryson soit retiré de l'école durant le printemps de leur dernière année pour subir la punition de son père. Depuis quatre ans, Méluzine n'avait plus reçu de nouvelle et elle ignorait ce que l'être aimé était devenu, mais elle s'était jurée sur sa vie de le sauver des griffes de Thaddeus Black. Bien sûr, pour sa famille, Bryson était un ennemi et il avait certainement reçu l'endoctrinement pour haïr les nés-moldus et elle, mais elle refusait d'y croire et elle voulait simplement retrouver le garçon aux bonbons qui avait pu gagner son cœur. Ce que la belle ignorait, c'était que le dénonciateur n'était autre Gale ! Son ami, son double, son autre qui au fond l'aimait d'un amour sincère avait brisé son couple par jalousie, mais aussi pour la protéger. Au fond, il voulait son bonheur, mais jamais il ne pourrait lui dire. « sors de mon appartement, Gale... Maintenant. » la voix était cassée. On sentait qu'elle retenait ses larmes. Le jeune homme soupira légèrement et posa sa main sur son torse, à l'endroit même où il avait été attaqué par un loup-garou il y a peu de temps. En apprenant la nouvelle, Méluzine avait rappliqué et l'avait soigné, jour et nuit pendant près d'une semaine, pour faire baisser la fièvre, pour contenir le maléfice et elle l'avait embrassé. Il était à moitié endormit, mais il avait bien sentit ses lèvres douces et sucrées, citronnées, sur les siennes. « si c'est ce que tu veux... » « c'est ce que je veux ! » Gale hocha la tête, prit sa veste et se dirigea sans un mot en plus vers la porte. La main posée sur la clenche, il tourna la tête pour la voir, dos à lui, fixant la fenêtre. Une larme roulait sur sa joue. Hm. Il plissa les yeux « comme tout le monde, j'ai mes défauts. Je n'ai toujours les mots qu'il faut Mel... Mais si tu lis entre les lignes, tu trouveras tout ce que je n'ai pas su te dire. » La porte claqua juste après et au moment du bruit, la jeune femme ferma les yeux. Tu trouveras, mes blessures et mes faiblesses. Tu trouveras mes faux pas, mes maladresses et de l'amour plus qu'il n'en faut. J'ai tellement peur que tu me laisses... Sache que si j'en fais toujours trop, c'est pour qu'un peu, tu me restes, tu me restes car je t'aime. Jamais il ne pourrait lui dire, jamais.

Un mot, une larme, un son, une voix. Des roses qui se fanent. Le temps qui passe, nous. Un file, une faille, l'amour, toi, lui. Je me sens mal dans ma peau. Je ris, je cache. Le vrai derrière un masque.

Ce n'est pas toujours ma faute, si les choses sont cassées. Je ne suis pas si forte que ça, Gale.