CHAPITRE ONCE

Pourquoi renouer l'amourette ? C'est-y bien la peine d'aimer ? Le câble est cassé, fillette. C'est-y toi qu'a trop tiré ? C'est-y moi ? c'est-y un autre ? C'est-y le bon Dieu des chrétiens ? Il est cassé ; c'est la faute à personne ; on le sait bien.L'amour, ça passe dans tant de coeurs ; c'est une corde à tant d'vaisseaux et ça passe dans tant d'anneaux, à qui la faute si ça s'use ?
Y a trop d'amoureux sur terre, à tirer sur l'même péché. C'est-y la faute à l'amour, si sa corde est si usée ? Pourquoi renouer l'amourette ? C'est-y bien la peine d'aimer ? Le câble est cassé, fillette, et c'est toi qu'a trop tiré. - Paul Fort "La corde"

ACTE I, scène I.

1^er DECEMBRE

Un léger nuage blanc sortait s'étouffer dans l'air glacial alors que la jeune Lestrange se hâtait de monter les marches de l'immense demeure. Une immense maison comme l'on en voyait des dizaines et des dizaines chez les Sang Pur. Celle-ci avait quelque chose en plus, un élément qui produisait un effet de répulsions certains. Peut être était-ce sa couleur cendrée ou bien était-ce cette impression de folie que vomissait les encadrements de fenêtre de tout les sens possibles et imaginables. A coup sûr une personne saine d'esprit aurait hâté son pas en passant devant la résidence. Une splendide maison, laissé au vestige de la folie, une cosse superbe mais vide, identique à ses habitants. Un jeune homme qui semblait avoir le même âge que Fauve apparut au coin de la rue et se précipita vers la jeune fille qu'il arrêta d'un geste rapide. Lestrange fille le reconnu et dit d'un ton hargneux en le repoussant « Fils de Sang-de-Bourbe ! Qu'est ce que tu cherches la merde?! Ça t'as pas suffit?! Vas-te faire foutre! » Elle essaya de partir mais il l'a retint par le bras « Je suis désolé! » « Je ne veux pas le savoir! » « C'était faux, tout ce que j'ai dis, Fauve! Je te le jure! C'est Mali', elle nous a surpris, j'allai pas la laisser dire que... » Elle se tourna vers lui, calmement et silencieusement. Son regard froid et presque dénué d'expression, enfin sauf de la pitié, un semblant de folie qu'elle avait hérité de ses ancêtres, glaça le sang du jeune homme. Il l'a connaissait, les heures passés en cachette à ses côtés lui avaient appris qui Fauve Lestrange était. Une jeune fille perdue, qui ne savait pas comment plaire à son père, une Serpentard qui pouvait être tout et rien à la fois, une flamme qui pouvait se transformer en glaçon d'une minute à l'autre « Que quoi? Que tu avais potentiellement des sentiments pour une fille de la famille Lestrange ? Que Fauve Lestrange était peut être celle qu'il te fallait. Que tu avais embrassé mile et une fois la filles des larbins des Blacks ?! Tu avais le choix. Eux, ou moi et tout l'amour que je te portais, dit-elle en exagérant bien sur l'imparfait, tu as choisis. Au lieu de t'assumer, tu as encore menti. Encore, encore et encore. Tu n'as pas de cœur. Et très franchement, tu me fais pité. » Sur ces derniers mots elle reprit violemment son bras et referma les portes de la demeure au nez du Judas de son cœur.

La porte avait claquée et les larmes étaient tombées sans préavis, sans la moindre alerte alors que Fauve donna un violent coup de pied dans la porte d'entrée avant de se laisser tomber au sol, le dos glissant contre le bois massif. Ses mains vinrent encercler ses tempes alors qu'elle faisait son possible pour être discrète. Il n'était pas bon pleurer chez les Lestrange, marque de faiblesse, marque d'humanité, une chose en commun supplémentaire avec les Moldus. Les pleurs étaient à bannir alors elle se sécha rageusement les joues où avait coulé l'eau salé maudite avant de relever la tête. Son cœur fit un bond et s'arrêta lorsque la silhouette de son père apparut face à elle, seulement quelques mètres les séparaient et pourtant Fauve avait l'impression d'étouffer à l'odeur de son parfum, de crever sous le poids de son regard insatisfait constant. La jeune Lestrange se releva rapidement et maladroitement, fixant son père, le bout des doigts tremblants. «Votre journée s'est bien passée ? » sa voix était caverneuse et grave, pleine de préjugées et de reproches. Fauve baissa la tête « Oui père...Professeur Evans était fier et m'a complimenté sur la qualité de mes pointes » le silence s'installa durant des minutes pleines et longues. Fauve cru un instant qu'Arthurus ne rajouterait rien. Ce dernier eu vite fait de briser cette chimère « Et bien montrez moi » Fauve ferma les yeux et avança jusque dans le salon familial. Une immense pièce où tant de souvenirs venaient la poignarder. Des bons, des mauvais, des horribles. Fauve se souvint du jour où son père lui donna sa première leçon de piano, le jour où il tortura un Née Moldu devant les yeux mineurs et enfantins de ses deux enfants. Fauve se souvint de sa première représentation, elle avait neuf ans et Madge tenait absolument à voir sa fille danser alors que la maladie rongeait ses poumons. Ces jours furent les seuls où Madame Lestrange eu témoigné de l'affection à sa fille. Le jours suivant, elle été rétablie et été redevenu la femme hautaine et froide qu'elle avait toujours été. Les morceaux de pianos, envolés, les rires entre Fauve et son frère, envolés, la séance de torture, envolé, les multiples leçons de bonne conduite, envolées.

Il ne restait plus qu'une pièce froide où son père venait de s'asseoir dans un fauteuil en cuir noir, ses yeux ambrés scrutant sa fille. Fauve n'attendit pas avant d'enfiler ses patins de danse, pris sa baguette, la tourna rapidement et se retrouva en robe légère, parfaite pour le ballet. Le froid vint se plaquer à ses jambes alors que ses pieds s’actionnèrent et la surélevèrent de quelques centimètres. Le lac des Cygnes, une œuvre moldu que le professeur Evans lui apprenait depuis quelques années déjà. La beauté de cette pièce, de ce ballet avait fait chaviré le cœur du professeur. En revanche, son origine moldu fut mise sous silence, aucun Lestrange ne devait savoir. La pièce sembla disparaître alors que Fauve se laissait entraîner par les pas appris plus tôt, ses bras caressant l'air avec grâce, son souffle long et les mouvements brusques et libres du cygne noir. « Tu ne me décevrais pas Fauve n'est-ce pas ? » la question brutale et inatendu de monsieur Lestrange perturba Fauve qui ralenti dans ses mouvements comme pour répondre   « No... » « continue de danser. » dit fermement Arthurus, les paroles firent taire Lestrange fille qui se remit en condition et continua de danser. Arthurus se leva et ses pas le firent tracer un cercle autour de sa fille « Tu sais pourtant que je refuse à voir une seule larme dans ma demeure....J'ai vu un jeune homme vous aborder ma fille. Qui était-ce? le cercle se referma, Fauve ferma les yeux, fort, trop fort, ses pas devaient être maladroits. Elle entendit un gloussement de la part de son père « Allons ! Un peu plus de grâce ! Est-ce ainsi que le professeur Evans vous enseigne la danse ? Peut être faudrait il que je le remplace... » une phrase lourde de sous-entendu que celle là...[color=seagreen] « Allons bon. J'espère que vous ne me ferez pas honte, que vous ne nous plongerez pas dans le déshonneur. J'ai tellement de projets pour vous. Tout d'abord sachez que je vous ai trouvé un mari. Un Sang Pur Italien de très très bonne famille...Une fois vos noces annoncés j'espère bien ne plus voir ce jeune homme de tout à l'heure près de chez nous...Je me verrais dans l’obligeance de le...remplacer. »

Ce dernier mot eut l'effet d'un choc dans la poitrine de Fauve qui trébucha, perdit l'équilibre et s'étala au sol. Arthurus Lestrange la saisit par la chevelure et la redressa violemment, le corps toujours à moitié écroulé à terre. Le visage de Fauve se contracta sous l'effet de la douleur. « Regarde moi Aëverie ! » Non. Elle n'était pas Aëverie...Aëverie c'était la première fille Lestrange, la première née, celle qui avait précédée Fauve et son frère. La fille parfaite, l'enfant attendu de toutes et de tous. Aëverie était parfaite, des yeux d'un noir profond, des cheveux d'un brun acajou qui lui avait toujours donné un air diabolique et instable. Jamais Monsieur Lestrange n'avait accepté la mort de sa fille, surtout donné par la main d'une Née Moldu... « REGARDEZ MOI ! » lui hurla-t-il, son odeur bucale désastreuse venant infiltrer les narines et les poumons de sa fille. Cette dernière eut un haut les cœurs avant de tourner ses iris vers son géniteux. « Jamais vous ne ferez déshonneur aux Lestrange ! » puis il lâcha Fauve qui s'écroula à nouveau sur le bois froid et dur du salon.   « Jamais. » et Arthurus Lestrange conclut son monologue en soulevant son genoux pour finir par éclater son pied sur les phalanges de sa fille au sol qui laissa échapper un cri à glacer le sang. Un cri de douleur, un cri de tristesse, de révélation, un cri de folie. Un cri de Lestrange.