Je n'ai jamais vécu dans un endroit aussi sombre de toute ma vie. Le soleil qui traversait le parc semblait dénudé de son éclat de blé, de doré. Je n'avais que dix sept putain d'années et pourtant, oui pourtant, je savais que cet endroit clochait. Qu'à quelque part, peut-être dans une vie antérieure, peut-être dans mon infini imaginaire, qu'il y avait espoir que les choses se changent d'elle-même, que ces dernières se métamorphosent et ne reviennent plus jamais aussi cruelles, et irréelles qu'à ce moment même. Je réfléchissais peut-être ainsi parce que cela avait dû être la pire journée de ma vie. Je ne me plaignais pas beaucoup de mes évènements, du fait que d'autres se plaisaient à me menacer. On pouvait même affirmer que je n'étais pas le genre de jeune homme qui se laissait marcher sur les pieds, qui se laissait abattre d'un rien. Mais en ce jour fatidique, j'avais l'impression que mon coeur allait se déchirer, se meurtrir, éclater, qu'il allait saigner à vif, qu'il allait inonder ce lac que je contemplais de mes yeux absents, lunatiques. Pourquoi l'amour m'avait-il heurté de plein fouet? Pourquoi n'a-t-il pas poursuivi sa route, en quête d'une terre plus propice? Pourquoi avait-il fallut que je souffre de cela, de cette trahison qui me paraissait impardonnable? Je ne comprenais rien. J'étais perdu dans un néant inimaginable, tanguant entre les rêves et la réalité. Des larmes salées écumaient le coin de mes prunelles, et bientôt elles irriguèrent mes joues, rougies par la haine, la rage, le désespoir. Puis des bruis de pas se fit entendre au loin. Je me précipitai à essuyer du revers de la main les quelques larmes qui coulaient encore et encore sur mes joues, et croisai les bras, tâchant de me donner un air serein qui n'allait impressionner personne. « Ah te voilà, je te cherchais partout. Où étais-tu passé Garett? » je me retournai en la fixant qu'à moitié. Un faux sourire se dessinant sur mes lèvres vermeilles. « Je me suis dit que prendre l'air ce serait pas mal, Mélu. » déclarais-je, tout à fait nonchalant, tout en échafaudant secrètement un plan pour éliminer Black de sa vie, de notre vie. Déjà que je n'appréciais pas le fils du ministre de la magie, s'il fallait en plus qu'il aie une idylle avec la seule fille que je n'ai jamais aimé, ça n'allait pas vraiment le faire. Non à vrai dire, j'avais eu beaucoup de mal à le digérer. Mais à peine eus-je le temps de remuer ceci que ma chère meilleure amie me souffla « Très bien, je vais prendre l'air aussi! » me disait-elle tout sourire, presqu'en chantonnant. J'avais envie de lui faire entendre raison, mais ce n'était pas le bon moment...

et ça n'a jamais été le bon moment. J'avais peur que Méluzine ne s'éloigne de moi si je lui avouais ma flamme. Après tout, la jeune fille aux cheveux de blé était devenue rapidement ma meilleure amie quand je suis entré à Hogwarts. On ne s'était jamais quitté depuis. Les indissociables voilà comment je nous voyais tous les deux. Malheureusement, mon attirance pour elle et sa beauté unique a finit par me mener dans un gouffre sans fin : je suis tombé amoureux d'elle. Et comble du malheur, ce jour avait été le jour où j'avais appris son idylle avec le fils du ministre : Bryson Black. Le temps estompa quelque peu le chagrin, mais la haine, et la douce vengeance finit par faire doucement son chemin à travers mon esprit. Et oui, je fus celui qui dénonçai leur amourette. Par jalousie, j'avais trahi celle à qui je tenais le plus dans ce château, celle pour qui mon coeur battait la chamade, celle avec qui je m'imaginais passer l'éternité, voir plus à ses côtés... J'avais peut-être réussi à les séparer ce jour-là, mais je n'en avais pas été fier. Croyez-moi, de la voir désespérer à l'idée d'avoir de ses nouvelles les années suivant nos études à Hogwarts me déchira le coeur à un point tel que j'avais bien failli tout lui déballer...

« Mélu..Mé..lu..ai-de... moi, je , je t'en prie » Méluzine écarquilla les yeux en voyant la morsure que j'avais au cou. C'était une plaie béante, avec de la chair qui tombaient en lambeaux... et ça, ça n'avait pas arrêté de saigner. Cette nuit-là, alors que j'étais en " mission " pour l'Ordre, et bien j'étais devenu un lycanthrope. Un Loup-Garou en gros.« Par la barbe de Merlin, qui t'as fait ça Garett, QUI? » mais je n'eus point le loisir de lui répondre que je m’effondrai sur le sol dans un bruit lourd.Méluzine avait été un ange avec moi, tâchant de soigner ma fièvre, de panser ma blessure, d'y enlever l'infection. Elle épongeait mon front, s'occupait de ma sombre personne comme si sa vie en dépendait. Parfois, quand j'ouvrais les yeux, je pouvais y lire une grande inquiétude. Ce que je désapprouvais totalement. C'était à moi de veiller sur elle, et non le contraire. Allez savoir pourquoi, si j'aurais pu parler, je lui aurais gueuler dessus. Elle n'avait pas le droit de se ronger les ongles pour moi. C'était mon rôle. Pas le sien. Et puis, un bon soir alors que je n'étais qu'à moitié endormi dans le canapé de son appartement, elle m'avait embrassé. Que signifiait ce baiser? Pourquoi me plongeait-elle dans une incertitude? N'avait-elle point envie de retourner dans les bras de son Black chéri? Avait-elle pris le goût au sadisme? Savait-elle ô combien elle savait jouer de mon coeur? et le faire tourner en bourrique à chaque fois?