Ding. Dong.
C'est toi qui dévale à toute vitesse les escaliers du manoir familial, passant rapidement devant ton père prêt à ouvrir la porte. Tu viens à peine de finir de te préparer, de nouer ta cravate et d'en rectifier l'alignement, et tu tiens à accueillir toi-même tes cousins pour ce souper. Depuis l'incident de l'annonce de tes fiançailles avec Orchid, tu as évité tout contact avec tes géniteurs et tu n'es pas surpris qu'ils tentent de réparer les pots cassés avec ce souper. Une façon pour eux de te voir, mais aussi de te mettre le sourire aux lèvres et de peut-être te faire oublier ta rancune et ta colère.
Ça n'arrivera probablement pas.
Tu es arrivé un peu plus tôt pour avoir le temps de te préparer dans ta chambre d'adolescent, identique à quand tu es parti d'ici il y a maintenant sept ans, et sciemment ignorer tes parents et leurs tentatives de te parler. Histoire de les énerver un peu plus sans faire quoi que ce soit... pour de vrai. Pour un souper de famille, tu t'es vêtu sans artifices, poussant même le vice à relever les manches de ta chemise pour exposer le tatouage mouvant, magique, de serpent que tes parents répugnent. Cravate noire sur chemise blanche, pantalons noirs droits, tes boucles sombres coiffées n'importe comment. Ce n'est après tout que ta famille, que vous recevez, et que ton oncle Thaddeus soit Ministre de la Magie ou non, il reste ton oncle. C'est tout.
Un petit râclement de gorge avant que tu n'ouvres la porte, tout sourire, ton oncle et ta tante devant tes cousines et ton cousin.

« Monsieur le Ministre, c'est un honneur. Ta voix est moqueuse et tes yeux brillent, t'amusant toi-même de cette entrée en matière inutilement pompeuse.
- Que de ronds de jambe, ce soir, Leander, réplique ton oncle avec un sourire. Cole, ton fils est définitivement un jeune homme charmant.
- On me le dit tous les jours, dit ton père en se rapprochant pour serrer la main de son frère cadet et embrasser la main de ta tante Arya, les faisant entrer dans le manoir du même mouvement. Des nouveautés au Ministère dont je devrais être au courant, avant que l'on entame le premier verre de ce rouge espagnol qui nous attend ?
- Pas que je sache, mon cher frère.
- Grand bien m'en fasse. »

Tu suis du regard les salutations pompeuses de ton père et de sa famille, ta mère t'adressant un sourire crispé en descendant ses yeux sur tes manches relevées, pour t'indiquer de les rabattre et de les boutonner comme il se doit. Foutaises. Ton attention est déjà revenue à Bryson, Seven et Clare. Pas de câlins, pas de bise pour se saluer, vos contacts sont francs et se passent de ces sparages. Tu poses ton bras sur les épaules de Clare, l'attirant vers toi tandis que tu parles aux deux autres, suivant les « adultes » vers le salon où l'apéritif sera servi en attendant le repas :

« Père dit que si on veut, on peut dîner dans le petit salon au lieu d'être avec eux. Pour les laisser entre adultes. Une grimace éloquente avant que tu ne continues, baissant les yeux pour sourire à ta cousine toujours callée sous ton bras. Vu que tu es la seule enfant, je leur ai dit que tu mangerais seule, j'espère que tu n'y vois aucun inconvénient, Clare. »

Mensonge, évidemment, mais tu ne peux décemment pas accueillir la plus jeune de tes cousines par un bienvenue, enchanté de te voir, comme tu es belle ce soir. Ce n'est pas toi, même lorsque tu laisses tomber tes manières de jeune premier.