La porte grinça, un rayon de lumière pénétra dans la chambre. La jeune fille faisait semblant de dormir comme tout les soirs quand sa mère venait vérifier qu'elle dormait bien. Mélisande avait alors douze ans, il est légitime donc de se demander pourquoi ce contrôle était toujours de rigueur : Mélisande avait une sœur ainée, la honte de la famille ignorée la journée, torturée sans relâche toutes les nuits depuis maintenant dix-neuf ans.
Svetlana Alekseïa Karkaroff naquit dans le plus grand des secrets comme si son chemin était d'ors er déjà tracé d'avance, c'est du moins ce qu'avant toujours pensé Mélisande, la vérité elle l'apprendrai cette nuit même ...
Elle entendit sa mère quitter sa chambre sur la pointe des pieds, alors quand elle fut sûre que sa génitrice se trouvait dans une autre aile de leur manoir la jeune fille de leva et enfila ses pantoufles avant de se rendre dans les sous-sols. C'est en effet ici que vivait depuis ses ondes ans Svetlana. Quand on pense aux sous-sols on imagine une cave sombre, humide, malodorante et infectée de rats, ce n'était pourtant pas le cas. Sombre oui ça l'était mais "la chambre" de Svetlana était propre, recouverte d'un papier peint vert émeraude et elle comprenait le minimum vital requis ainsi que divers instruments de musique, jeux et livres. Il arrivait même à Mélisande de l'envier puis de s'en vouloir. Comment l'envier ? Une de ces saletés de moldus lui avait voler ses pouvoirs et sa sœur était condamnée à rester ici pour que personne ne soit au courant, du moins c'est ce que son père lui avait dit alors que sa mère se contentait de pincer les lèvres, Tilda Karkaroff était née Krum, une famille de sang-pur Bulgare mais n'accordant que peu d'importance au histoire de sang. " Tu comprends Annushka, tu nous a déjà privé du plaisir et de l'honneur de te voir chez les Serpentard, pas besoin d'accentuer le déshonneur."

" C'est moi Lana. " avait-elle murmurée tout en ouvrant la porte. " Non remonte, pas ce soir ! J'ai entendu père parler tout à l'heure, il a fait venir je ne sais pas qui pour essayer encore de me faire déclencher un quelconque pouvoir ou souvenir de celui qui m'aurait volé ma magie ... Tu sais Anna, j'ai comme l'impression que c'est la fin ... La fin de mes souffrances. Tu es grande maintenant, tu comprend de quoi je veux parler ... Quand cela arrivera je ne veux pas que tu cèdes à la haine ou à la colère, ce n'est la faute de personne si je n'ai aucuns pouvoirs ... Tu ne t'es jamais demandée pourquoi personne n'était au courant de mon existence ? Et bien je vais te le dire, je ne suis pas vraiment ta sœur Annushka ... Tu te souviens de cette sorcière Ekaterina ? Celle qui se prétendait de sang-pur ? C'est elle ma mère, sauf que père à appris peu avant ma naissance qu'elle était en réalité née-moldu alors il l'a enfermée ici même jusqu'à la naissance et il l'a tué ... " Elle éclata alors d'un petit rire nerveux. Annushka la regarda avec insistance, elle paraissait de plus en plus mal-en-point chaque jour, sa chevelure blonde était devenue terne, son teint était cadavérique et ses yeux rougis sortaient littéralement de leurs orbites. Elle avait réellement l'air d'une mourante.

On entendit tout d'un coup des bruits de pas et des murmures provenant de l'escalier " vite caches-toi !". La jeune fille serra sa sœur comme pour lui dire adieu puis alla se cacher dans un recoin. La suite fut flou, elle ne percevait que des cris " COMMENT ETAIT-IL ? CE MOLDU COMMENT ETAIT-IL !" " JE NE SAIS PAS, JE NE SAIS PAS, IL N'Y AVAIT AUCUN MOLDU, ARRÊTER DE CHERCHER DES EXCUSES JE SUIS COMME ÇA C'EST TOUT ! Père ... Je vous en prie, vous le savez les moldus n'y sont pour rien, vous le savez depuis longtemps arrêtez de vous servir d'eux comme excuse ... Acceptez moi ainsi je vous en supplie père ..." Mélisande devait à présent tendre l'oreille pour entendre ce que Svetlana disait, sa voix n'était plus qu'un murmure. "Je sais bien que ce n'est pas de ta faute, mais je ne peux l'accepter Svetlana tu sais pourquoi, tu n'appartiens pas vraiment à cette famille ... Tu te refuses à haïr ces nés-moldus qui ont fait de toi ce que tu es, tu donnes un mauvais exemple à tes autres frères et sœurs. Les nés-moldus sont les cancers de notre société magique tout comme les cracmols qui les défendent. Je dus navré Svetlana, navré ... AVADA KEDAVRA".
Mélisande qui était jusqu'alors restée caché cria, elle courut jusqu'à l'endroit où gisait le cadavre de sa sœur mais le voyant alors un voile noir vint recouvrir sa vision et sa mémoire.
Elle se réveilla le lendemain matin sans se souvenir de quoi que ce soit, seule une étrange haine qu'elle n'avait jusqu'alors jamais éprouvée envers les moldus et sang-de-bourbe lui remontait dans la gorge. Elle était devenue en une nuit sans même s'en rendre compte la petite fille parfaite que son père avait toujours voulu faire d'elle.